Black Mirror, les nouvelles technologies et leurs dérives

Ces derniers temps j’ai eu envie de découvrir des séries britanniques que je ne connaissais pas, je me suis donc lancée, avec pour commencer Black Mirror, dont j’avais entendu beaucoup de bien (ainsi que Doctor Who, mais ce sera l’objet d’un prochain article !).

Black Mirror est une série d’anticipation, dont l’action se situe dans un monde assez proche du nôtre. C’est une anthologie : les épisodes sont indépendants, racontant chacun une histoire différente, avec un casting qui change à chaque fois. Le lien entre les épisodes : les nouvelles technologies et leur impact sur nos vies.

Le nom de la série vient de tous les écrans noirs qui nous entourent (TV, ordinateurs, smartphones, tablettes…), miroirs sombres de nos existences. Cynique et souvent dérangeante, Black Mirror incite à la réflexion par rapport à notre monde de plus en plus connecté et les conséquences (surtout négatives) que cela peut avoir sur notre mode de vie, notre comportement.

La série compte pour l’instant 2 saisons, chacune comportant 3 épisodes. Dans la suite de l’article, j’aborde plus en détail chacun des épisodes, il peut donc y avoir des spoilers si vous ne les avez pas encore tous vus.

black mirror 15 million merits

Saison 1

The National Anthem

Suite à l’enlèvement de la princesse, le Premier Ministre britannique doit répondre à une demande assez particulière de la part du ravisseur pour obtenir sa libération.

Très proche de nous en termes de technologies, ce premier épisode montre la vitesse à laquelle se répand l’information par les médias et surtout internet (ici sur YouTube et les réseaux sociaux). Le Premier Ministre perd le contrôle des informations qu’il souhaitait garder confidentielles, celles-ci deviennent publiques en très peu de temps, puisque la vidéo postée par le ravisseur génère des milliers de vues, de partages, de réactions sur les réseaux sociaux. Cet épisode aborde aussi le voyeurisme, ici celui des téléspectateurs qui regardent en direct à la TV ce que le Premier Ministre doit faire, malgré leur dégoût (on se sent d’ailleurs un peu comme eux en le regardant). C’est un épisode assez perturbant.

15 Million Merits

Dans un monde ultra virtualisé, chaque individu est en permanence devant des écrans et passe sa journée à faire du vélo pour gagne des crédits qui lui permettent d’acheter des biens virtuels. La seule façon de s’en sortir et d’avoir un semblant de vie meilleure est de gagner à un concours de talents.

Cet épisode fait surtout penser à la télé-réalité, ainsi qu’aux nombreux programmes de chansons ou autres talents pour devenir une « star » que l’on peut voir à la télévision. Les avatars et les crédits qui servent à acheter des objets virtuels peuvent aussi faire penser à certains jeux vidéo. Le monde qui nous est présenté ici est entièrement artificiel, plus rien n’est réel. C’est aussi un monde très pessimiste, où tout le monde est formaté pour faire ou penser la même chose que les autres, il n’y a plus aucune liberté, aucun véritable choix possible.

The Entire History of you

black mirror the entire history of youUne puce implantée dans la tête permet de conserver tous ses souvenirs et de les revisionner à tout moment, dans sa tête ou sur un écran. Liam, qui a des doutes sur la fidélité de sa femme après une soirée, devient complètement paranoïaque et cherche à découvrir la vérité grâce aux souvenirs présents dans la puce.

Au premier abord, cette puce paraît être une très bonne invention, permettant de se souvenir de quelque chose que l’on a oublié, de revivre de bons moments… Cependant on se rend vite compte des mauvais côtés. Cette technologie rappelle un peu les Google Glass (les lunettes connectées de Google), qui permettent notamment d’enregistrer tout ce qu’on voit. On constate aussi dans cet épisode que le fait de porter cette puce devient la norme dans la société, ce qui est le cas de beaucoup de technologies actuelles.

Saison 2

Be Right Back

Après la mort de son compagnon, Martha découvre qu’un logiciel peut lui permettre de discuter en ligne avec lui, en utilisant ce qu’il a publié en ligne, partagé sur les réseaux sociaux de son vivant, le logiciel imite ce qu’il aurait pu écrire. Ce programme peut même recréer sa voix en se basant sur les vidéos dans lesquelles il apparaît, un « clone » lui ressemblant et agissant comme lui peut aussi être créé.

Le clone m’a fait penser aux hubots créés à partir d’une personne décédée que l’on peut voir dans Real Humans, et qui contiennent les souvenirs de la personne, peuvent interagir avec ses proches… L’épisode critique les réseaux sociaux, mais surtout l’utilisation que l’on peut en faire. La femme dans l’épisode va jusqu’à se persuader qu’il s’agit de son compagnon lui-même, et se coupe de la réalité, ce qui l’empêche de véritablement faire son deuil et d’aller de l’avant.

White Bear

black mirror white bearUne femme se réveille en ne souvenant plus de rien, ne sachant même plus qui elle est. En sortant dans la rue elle se retrouve observée et filmée par la plupart des gens, et pourchassée par d’autres.

Un épisode assez déroutant, on se demande pendant un bon moment ce qui se passe, tout comme le personnage principal. Voir les choses de son point de vue nous fait ressentir la même chose tout au long de l’épisode, ce qui est d’autant plus efficace lorsqu’on arrive à la chute de l’épisode, complètement inattendue. White Bear pose plusieurs questions autour de la justice : jusqu’où celle-ci peut-elle aller pour punir quelqu’un ? A quel moment n’est-elle plus « juste » ? La justice publique est-elle une solution ? Le voyeurisme est à nouveau dénoncé avec toutes les personnes qui filment la scène avec leur smartphone, et pour qui la punition de la criminelle est comme un spectacle. Qui est vraiment le criminel ici ? Le fait que la femme ne se souvient plus de rien ajoute encore plus au malaise que l’on ressent lorsqu’on découvre la vérité. C’est certainement celui qui m’a le plus marquée parmi les 6.

The Waldo Moment

Waldo est un personnage animé d’une émission de TV, dont la voix et les mouvements sont interprétés par Jamie, un comédien. Il se moque des hommes politiques ou d’autres personnalités et devient très populaire. Lorsque ses responsables souhaitent que Waldo se présente aux élections, Jamie devient dépassé par le succès de son personnage.

J’ai beaucoup moins accroché à cet épisode qu’aux précédents, peut-être parce que le sujet m’a moins touchée, ou que le message est moins clair que dans les autres. La principale critique repose sur le fait qu’un personnage animé, fictif, devient plus populaire que les véritables candidats à l’élection, qui n’inspirent plus confiance au peuple. Les électeurs le prennent plus au sérieux que les hommes politiques, lui qui est pourtant là pour faire rire, et n’a aucun programme à proposer. Ils le trouvent plus réel, moins artificiel que les candidats, alors qu’il s’agit d’un personnage virtuel. Jamie n’est pas d’accord avec la direction que prennent les événements, qui ne correspond plus à son idée du personnage. Mais Waldo étant virtuel, il peut être interprété par n’importe qui, Jamie n’est pas indispensable et peut être remplacé.

 

Black Mirror est une série très marquante, d’autant plus qu’on peut souvent faire le rapprochement entre ce que l’on voit dans l’épisode et certains aspects de notre monde actuel. Pour l’anecdote, la série est produite par une filiale d’Endemol, à l’origine de nombreuses émissions de télé-réalité, ce qui est assez ironique quand on voit son sujet.

Cette série m’a aussi permis de retrouver quelques acteurs déjà vus dans d’autres séries, comme Jodie Whittaker (la mère de Danny dans Broadchurch), Tobias Menzies (Brutus dans Rome, Edmure Tully dans Game of Thrones), Allen Leech (Branson dans Downton Abbey, Agrippa dans Rome).

Une troisième saison devrait normalement voir le jour, mais on ne sait pas encore quand elle sera diffusée.

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