Black Mirror saison 3 : des épisodes plus variés et moins sombres
La série d’anthologie de Charlie Brooker dédiée à notre usage des nouvelles technologies est de retour. Maintenant diffusée sur Netflix, nous avons eu droit à 6 épisodes, au lieu des 3 que comportaient chacune des deux premières saisons.
Black Mirror continue à explorer les nouvelles technologies, actuelles ou futuristes, et les conséquences de leur utilisation. Au programme pour cette saison 3 : les réseaux sociaux, la réalité virtuelle, la manipulation mentale…
Voici mes impressions sur chacun des épisodes, suivi par mon avis global sur cette saison. Attention, risque de spoilers si vous n’êtes pas à jour !
Nosedive
Imaginez un monde dans lequel chaque personne a une note entre 0 et 5. Où il est possible de donner une note ou d’être noté par toute personne que l’on croise. Où les personnes les mieux notées ont des privilèges.
A travers le personnage de Lacie, qui compte profiter du mariage de sa meilleure amie pour augmenter sa note, on découvre une société hypocrite et superficielle. Tout le monde est faux, fait semblant d’être sympa pour être bien noté par les autres. Il n’y a plus d’honnêteté et de sincérité, seules les notes comptent, et chaque action ou presque est faite dans le but d’améliorer sa note. Un monde artificiel, où les gens sont prêts à tout pour devenir populaires et augmenter leur score.
La population est segmentée par ces notes, les personnes aux notes basses sont évitées par les autres, tandis que les mieux notées bénéficient d’avantages, que ce soit au niveau des files d’attente, du logement, et même de l’accès aux soins.
Un épisode qui critique notre usage des réseaux sociaux, le besoin de certaines personnes de tout partager, de donner une image parfaite d’elles-mêmes, et la recherche de popularité. Un très bon épisode, mais différent de ce à quoi la série a pu nous habituer, avec un ton plus léger, et même un peu d’humour. Avec en guest Michaela Coel (Chewing Gum).
Playtest
Cooper, un jeune américain, voyage à travers le monde, jusqu’au moment où il arrive en Angleterre et se retrouve sans un sou. Il accepte alors de participer au test d’un nouveau jeu vidéo contre de l’argent.
L’épisode met longtemps à entrer dans le vif du sujet, je me suis demandée pendant un bon moment où il voulait en venir. Le jeu que teste Cooper est basé sur une technologie similaire à la réalité virtuelle. Sauf qu’au lieu d’avoir des lunettes, on lui met une puce dans la tête. Cooper se retrouve dans un nouveau jeu d’horreur, qui matérialise les peurs des participants. On est vraiment dans sa tête, comme lui on a du mal à savoir ce qui est réel ou non. On finit par ne plus savoir s’il est revenu dans la réalité ou toujours dans le virtuel, et c’est assez flippant.
La fin m’a bien perturbée, et je ne suis pas prête de tester la réalité virtuelle !
Shut Up and Dance
Kenny, un jeune homme de 19 ans, est filmé par quelqu’un à travers sa webcam dans une situation assez gênante. Il reçoit ensuite des messages contenant des instructions auxquelles il doit obéir s’il ne veut pas que la vidéo soit envoyée à ses proches. Il doit exécuter différentes tâches dans un temps limité, et croise d’autres personnes dans le même cas, comme Hector (joué par Jerome Flynn, Game of Thrones).
J’ai trouvé cet épisode beaucoup plus réaliste et proche de notre monde actuel que les deux précédents. C’est vraiment quelque chose qui pourrait arriver de nos jours, qui s’est peut-être même déjà passé. Le hack du PC et le chantage avec la vidéo m’a fait penser à un épisode de Mr Robot où il y avait eu une intrigue similaire.
Je n’ai pas compris tout de suite ce qu’il en était réellement à propos du personnage principal, je n’ai pas vu les signes et pourtant ils étaient là ! Ce qui fait que pendant la majeure partie de l’épisode, j’ai stressé avec lui, je me suis demandée pourquoi on lui faisait faire tout ça, s’il allait s’en sortir… Et la vérité fait froid dans le dos.
Cet épisode rappelle un peu « The National Anthem », le 1er épisode de la saison 1, pour son côté glauque et qui met mal à l’aise. On peut aussi le rapprocher de « White Bear » (2ème épisode de la saison 2) car il questionne la justice, et surtout, jusqu’où on peut aller pour punir quelqu’un. Il nous fait aussi réfléchir à notre usage d’Internet, et nous rappelle que nous ne sommes pas à l’abri que nos appareils et données soient surveillés.
San Junipero
L’épisode commence avec une ambiance années 80, on assiste à la rencontre entre deux jeunes femmes dans une boîte de nuit.
J’ai été un peu perdue au début de l’épisode, me demandant où l’histoire allait, et surtout de quelle technologie il pouvait bien être question. Avec les indices qui arrivent petit à petit, j’ai d’abord pensé à des voyages dans le temps, en raison des changements d’époque possibles. Puis on découvre que ce sont en réalité des personnes âgées qui visitent un monde virtuel, qu’elles pourront choisir de rejoindre définitivement après leur mort. Une vie après la mort en quelque sorte. Un monde conçu pour répondre à notre peur de la mort et de ce qu’il y a après.
Un très bel épisode, et dans un tout autre registre que ce à quoi la série a pu nous habituer, puisqu’il s’agit là d’une histoire d’amour. De plus, on a un happy ending, chose que je n’aurais jamais pensé voir dans Black Mirror ! Pour une fois, on n’en ressort pas déprimé ou angoissé, et ça fait du bien !
Men Against Fire
On suit un groupe de militaires chargés de lutter contre ce qui semble être des mutants. Après une mission, l’un des militaires, Stripe, commence à avoir des problèmes de vision, à la suite de quoi il commence à voir les mutants comme des humains.
En réalité, il a un implant dans la tête qui change sa perception. Cet implant a été mis dans la tête de tous les soldats sans qu’ils s’en souviennent, pour les inciter à tuer. En effet, il est plus facile de tuer un ennemi qui ne semble pas humain, on a moins d’hésitation à le faire et moins de remords.
Je ne sais pas ce qui est le plus terrible dans cette histoire, le fait que les soldats soient transformés en machines à tuer, ou qu’une partie de la population en rejette une autre, les traitant comme des monstres et les laissant se faire tuer.
Hated in the Nation
Ce dernier épisode prend la forme d’une enquête policière. Après la mort d’une journaliste qui avait reçu des menaces sur les réseaux sociaux, deux détectives enquêtent. Des morts similaires se produisent et les deux femmes doivent agir vite pour découvrir le coupable et empêcher d’autres victimes. Elles vont dans le même temps découvrir une conspiration du gouvernement.
Même si j’ai vu venir pas mal de trucs, j’ai adoré cet épisode, que ce soit le duo de flics, l’enquête, le sujet. Certes on n’a pas le côté dérangeant, on a une enquête policière assez classique, mais l’épisode aborde pas mal de sujets, qui vont des réseaux sociaux à la robotique, en passant par la surveillance de masse et la disparition des espèces. Un épisode plus long que les autres, qui se démarque aussi par une fin ouverte.
Je vous ai parlé de chaque épisode séparément, mais voici ce que je retiens de cette saison au global. Les épisodes prennent des formes plus variées, on a droit notamment à une romance et une enquête policière. Les sujets sont toujours pertinents par rapport à notre monde actuel et nos préoccupations, en revanche la critique m’a paru moins poussée que dans les premières saisons.
J’ai aussi trouvé que dans la plupart des cas, il manquait ce côté perturbant, parfois glauque, qui nous amène à nous interroger et à remettre en question notre usage des technologies. Une saison globalement moins sombre et pessimiste que les 2 précédentes, peut-être aussi moins marquante.
Pour finir, aviez-vous remarqué ? Les épisodes de cette saison (à l’exception de San Junipero) contiennent de nombreux clins d’œil à d’autres épisodes de la série, que le site Radio Times s’est amusé à répertorier. Il semblerait donc que presque tous les épisodes se passent dans un même univers, à peu près à la même époque…